Franck Amaury travaille dans le département des systèmes d’information de MBDA, leader européen dans le secteur aéronautique & spatial et de l’industrie de l’armement.
Franck revient sur la mise en place de Jira Data Center dans l’entreprise et comment l’outil est utilisé au quotidien. Hébergement cloud privé, sécurité des données, déploiement de Jira : Franck livre son point de vue d’expert IT lors d’une interview exclusive à Aurélie Assouline de SmartView.
Aurélie : C’est rare que vous vous exprimiez publiquement, merci de l’honneur que vous nous faites.
Franck : On met peu en avant le nom de MBDA. C’est un exercice qui m’intéresse. Je suis un homme de terrain, pas un grand communicant qui prend volontiers la parole.
Aurélie : Vous avez rempli de multiples missions au sein du département systèmes d’information (“IS” en anglais) ?
Franck : En 20 ans, j’ai eu 3 vies : PLM* [Product Lifecycle Management], puis les applis web et l’annuaire d’entreprise, et depuis fin 2018 les outils informatiques pour notre propre usage tel que l’ITSM* [IT Service Management] (Helpdesk). La solution Jira d’Atlassian est apparue car l’outil du concurrent était en fin de vie. Je suis arrivé juste après le choix de l’outil Jira. Une solution a été retenue mais le partenaire a arrêté l’hébergement. C’est ainsi qu’on a choisi SmartView pour intégrer Jira.
Aurélie : Quel périmètre couvre Jira Data Center ?
Franck : Jira couvre l’ensemble de l’entreprise, à la fois notre propre usage et nos clients internes. Au démarrage Jira a été déployé pour mon département Système d’Information (IS), on ouvre maintenant son usage à l’ensemble de l’entreprise. Excel a ses limites, on a besoin de quelque chose de plus stable, l’outil permet de répondre aux besoins des clients.
Aurélie : Et la sécurité ?
Franck : Les règles strictes de sécurité diffèrent suivant le type de données. On distingue les données restreintes qui ne sortent pas du datacenter et tout le reste.
Aurélie : Pensez-vous au Cloud pour les données qui sortent du data center ?
Franck : Nos données sont hébergées dans un cloud privé français. Ces données ne sont pas aussi sensibles. En interne, on encourage les utilisateurs : attention, c’est dans le cloud, ne pas mettre de données sensibles (URL, adresses IP, détails de failles de sécurité…). Nous faisons un accompagnement de nos clients internes pour les sensibiliser. Notre objectif reste de partager des infos avec des partenaires extérieurs.
Aurélie : Et la sécurité pour vos données internes ?
Franck : En interne, les données sont restreintes dans l’enceinte de MBDA. Certains clients internes ont fait le choix d’une plateforme locale (“on premise”) qui ne sortira pas du réseau.
Toutes nos installations passent par l’officier de sécurité à qui nous exposons nos projets. C’est un dialogue, on ne cache pas la réalité.
Aurélie : Quel est votre enjeu actuel au niveau de Jira Data Center ?
Franck : Pour le SI, Jira est un outil vu comme innovant, qui répond à des attentes du quotidien. Jira marche bien, il est bien conçu, stable et répond mieux aux besoins qu’un fichier Excel. On a une info à un instant t, on partage l’écran et on voit la même chose, on partage des notes, des commentaires… Jira permet de fluidifier l’échange entre les gens.
Aurélie : Le périmètre de Jira Data Center s’étend, que faites-vous pour accompagner son déploiement ?
Franck : Aujourd’hui nous sommes dans une phase de communication sur l’outil. Nous présentons Jira en interne, on explique nos contraintes. Le département IS a des ressources limitées (contraintes budgétaires). On essaye de ne pas faire tout et n’importe quoi. Les gens vont adhérer à Jira. On offre un service aux autres départements de MBDA : on va mettre en place une souscription interne. “Compte-tenu de la taille de votre équipe, les services Jira vont vous coûter telle somme”.
Aurélie : Comment gérez-vous les relations avec vos partenaires IT ?
Franck : On a des pics d’activité réguliers avec notre partenaire (nouvelles instances, nouvelles configurations particulières). Le cycle se présente comme une vague. La confiance envers nos partenaires et leurs professionnels est fondamentale. J’apprécie avec SmartView qu’ils ne poussent pas à la consommation. Si ça demande beaucoup d’énergie ou de temps, ils me disent : ça n’en vaut pas la peine !
Aurélie : Qu’est ce qui vous motive à continuer à travailler avec SmartView ?
Franck : D’abord la compétence. SmartView a une connaissance poussée des outils. S’ils n’ont pas la réponse immédiatement, ils reviennent avec la bonne réponse. Ensuite la dimension humaine de l’entreprise : c’est plus simple car j’ai toujours le même interlocuteur, c’est important.
Aurélie : Pouvez-vous en dire plus sur la place de Jira Data Center au sein du groupe MBDA ?
Franck : Aujourd’hui, Jira répond à de petits projets de gestion de tâches (“Task Management”). Les utilisateurs voudront aller plus loin. Par exemple, MBDA qui a des projets en Inde a arrêté les déplacements à cause de la pandémie. Mais grâce à Jira, ils continuent à suivre les opérations.
Aurélie : Que pensez-vous du système de licence à l’année proposé par Jira Data Center ?
Franck : Le principe de l’abonnement nous aide. Nos clients ont besoin d’un support pour le déploiement de nouveaux workflows. SmartView peut revenir au coup par coup pour aider à la conception des projets Jira pour une entité en particulier. L’enjeu du département IS est de lisser la charge afin de ne pas être submergé de demandes diverses et variées. Jira va devenir l’équivalent de la messagerie d’entreprise et certainement prendre la place de Excel pour la gestion de tâches.
Aurélie : Utilisez-vous les méthodes agiles pour la gestion de projets ?
Franck : Notre département innovation prône l’agilité. Mais on se rend compte que ça ne marche pas partout. L’IS est dans des modes de gestion de projets entre le traditionnel cycle en V et l’agilité. On va utiliser les méthodes agiles sur des projets précis de plus petite envergure.
On est dans un métier où la durée de vie d’un produit est de 30 ans. Donc on est très loin du marché grand public des smartphones avec une nouveauté par mois !
En interne, j’ai fait une présentation en mode Kanban et un interlocuteur veut de ce fait travailler sur l’agile.
Je connais les principes du manifeste agile. Mais je n’ai pas encore mis en œuvre l’agilité dans un projet. Je sais que Jira intègre des fonctionnalités pour gérer un projet agile (Kanban et Scrum).
Aurélie : Quel fait marquant retenez-vous d’années de collaboration avec SmartView ?
Franck : Nous avons fait confiance à SmartView dans la gestion des licences. En juillet 2019, votre conseil Aurélie était : prenez 3 ans car Atlassian augmente ses tarifs. On a fait le max pour faire 2 ans pour la nouvelle commande de licences. On aurait pu dire : “on ne vous croit pas”. J’ai apprécié votre bienveillance sur la partie contractuelle avec le changement du prix. Vous mettez d’abord en avant l’intérêt du client. Vous m’avez dit : dans votre contexte, voilà les changements, attention à ces détails. C’est presque parole d’Évangile, votre but n’est pas de vendre un maximum de licences Atlassian possibles. Les licences, c’est un peu la jungle pour ceux qui ne sont pas spécialistes du sujet.
Aurélie : MBDA n’utilise qu’un seul plug-in pour Jira Data center et c’est très bien. C’est ce qu’on met en avant chez SmartView.
Franck : j’en ai fait l’expérience. Plus on ajoute de plug-in, moins c’est évident. Quand on choisit de mettre en place un plug-in, il faut en mesurer les impacts (coût, maintenance).
Aurélie : N’est-ce pas difficile de dire non à des demandes récurrentes de plug-in pour Atlassian ? Venant du développement logiciel, vous n’avez pas peur de la complexité alors que d’autres vont jusqu’à écrire des scripts ?
Franck : on se bat même en interne.
L’outil Jira est très riche et très bien conçu. Il a des concepts qui lui sont propres (ex : Advanced Roadmaps), j’en apprends tous les jours. SmartView nous aide à démystifier. C’est une boîte à outils. Les gens se disent : “on prend l’outil Jira” mais il doit être configuré. D’autres nous disent : “moi je connais Jira mais je n’ai pas retrouvé la fonctionnalité”, car un plug-in était installé ! La solution en place n’est peut être pas celle connue dans d’autres entreprises. Au quotidien, “Jira c’est facile”… Oui mais l’outil peut tout faire. Et quand tu commences à faire du workflow, ça devient complexe. J’ai besoin personnellement de bâtir la gouvernance autour de l’outil lui-même. SmartView nous aide à appréhender tous ces concepts.
Aurélie : Avez-vous également exploré les autres outils Atlassian tels que Confluence ?
Franck : On utilise SharePoint. C’est la politique de l’entreprise d’utiliser Microsoft avec une équipe dédiée à son exploitation.
Aurélie : Que retenez-vous de SmartView ?
Franck : Je suis très satisfait du partenariat avec SmartView. J’espère que ça va encore durer de nombreuses années. L’outil Jira est très bien. Il faut l’appréhender, accompagner les utilisateurs en interne dans l’entreprise, on ne peut pas leur donner les clés “comme ça”. Le plus flagrant est Dashboard et Board. Si on ne les comprend pas, on ne peut rien en faire.
Aurélie : Pourtant les tableaux de bord ont une véritable utilité dans l’entreprise…
Franck : À nos clients internes, on doit dire : on peut créer des Dashboards, mais on a besoin de comprendre votre métier. On est déjà dans le mode agile pour expliquer car on n’a pas le choix. J’espère qu’on va continuer longtemps avec Jira sans que Atlassian n’augmente trop ses tarifs sinon ça va tous nous porter préjudice !
Aurélie : Comment voyez-vous l’avenir ?
Franck : Le déploiement de Jira va se faire crescendo. On a installé Jira dans le Cloud et en interne en France, au Royaume Uni et en Italie. Il y a un fort besoin d’accompagner tous les utilisateurs par des formations. C’est l’enjeu des prochaines années. On va surveiller les nouvelles versions. Je n’ai pas l’intention d’utiliser trop de plug-in. On va également interfacer Jira avec les outils de gestion de test.
Aurélie : Avez-vous une logique d’utilisation de Jira Data Center au niveau du groupe MBDA ?
Franck : Travailler dans le secteur de la Défense impose au groupe MBDA d’avoir des infrastructures informatiques distinctes. Donc chaque pays a ses propres instances Jira.
Aurélie : Voyez-vous des risques à standardiser Jira au niveau mondial ?
Franck : Je pense aux développements d’appli personnalisées. On accompagne nos clients qui partagent leur expérience utilisateur : “le bouton doit être en bas” par exemple. Attention, on ne peut pas faire n’importe quoi avec ces outils. On ne veut pas les tordre !
Le métier change. Il y a 20 ans je faisais du développement, aujourd’hui plus du tout. Les partenaires comme SmartView vont apporter leurs compétences. Je m’appuie sur les partenaires. On a besoin de leur faire confiance.
Aurélie : J’ai beaucoup appris. Je suis ravie. Je vous remercie beaucoup Franck !